Comment développer la créativité dans un environnement de travail où pression, manque de temps et surcharge de travail sont les réalités. Voici des techniques et quelques guides pour vous exercer.

experience« Creativity is just connecting things. When you ask creative people how they did something, they feel a little guilty because they didn’t really do it, they just saw something. »- Steve Jobs

 Personne controversée mais flamboyante, on peut ne pas être d’accord avec son approche de gestion mais son sens de la créativité a fait ses preuves. J’aime bien cette définition de la créativité car en fait avoir des idées, c’est faire une nouvelle connexion entre les anciennes idées ou concepts et de nouvelles données. La vrai créativité c’est la capacité de connecter et reconnecter constamment tous les points qui sont cumulés à travers les expériences dans le temps. Plus on a d’expérience, plus on est capable de faire ces connexions avec notre vécu, notre historique. L’image le démontre bien. C’est de voir ce que d’autres n’ont pas perçus.

Le processus de créativité, quelque soit la technique ou l’exercice utilisé, nécessite de par mon expérience et mes connaissances quatre règles importantes pour bien réussir :
  • Visez la Quantité pas la qualité.

Y consacrer du temps et de l’énergie pour arriver à produire des bonnes idées. Donc oui il faut du volume, il en faut des idées avant d’en trouver une qui soit géniale.

  • Évitez la critique et les jugements tant positifs que négatifs!

Un environnement offrant la latitude de dire n’importe quel commentaire sans critique et jugement c’est essentiel.

  • Encouragez les idées folles, exotiques, farfelues ou même étranges à première vue.

De ces idées qu’on qualifie trop souvent de folles, stupides… quelques excellentes idées peuvent surgirent de ces commentaires. Attention à ceux qui ont tout vu, tout fait et qui disent que ça ne marche pas. Retenez-vous de commenter tant positivement que négativement, du moins pour l’instant. Lorsque le temps viendra d’analyser, de regrouper, de prioriser, là vous interviendrez avec vos expériences.

  • Combiner ou construire des idées à partir des autres

Utiliser l’intelligence commune du groupe pour multiplier le nombre d’idées. Rebondir sur l’idée d’un collègue en créant des liens associatifs personnels basés sur votre histoire et vos expériences afin de donner une nouvelle piste de direction.

Voici donc trois techniques de génération d’idées que j’aime bien utiliser selon les équipes et circonstances.
La technique des bulles

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C’est une technique intéressante plus structurée pour les groupes moins habitués à faire ce type d’exercice. Permet aux participants de construire de nouvelles idées par la connexion et le lien avec les réponses des autres.

Outils nécessaires :

  • Un tableau de papier ou 2 si vous procédez en deux groupes
  • 1 crayon par équipe
  • 1 facilitateur par équipe
  • 1 minuterie pour contrôler le temps

Fonctionnement

  1. Tout d’abord s’assurer que tous les participants comprennent bien le but de la session de génération d’idées. Gardez ça court, simple et direct ( KISSS : Keep it short, simple, straight forward).
  2. Le facilitateur revoit les règles de bases d’une séance de génération d’idées citées ci-dessus (un autre texte intéressant à ce sujet https://www.strategiemp.com/comment-faire-de-bons-brainstorming-en-entreprise/) et obtient l’accord de tous à les respecter.
  3. Définir en lien avec le point 1 quelques sujets de discussions (Max 8) et les inscrire à l’intérieur des bulles principales
  4. brainstorm-a-bullesDémarrer la séance en posant une question d’orientation pour mettre les participants sur la bonne piste de réflexion. Si vous êtes trop général les réponses seront de cet ordre et si vous n’avez pas le bon langage il risque d’y avoir beaucoup de mauvaise compréhension donc peu de réponses pertinentes.
    1. Ex : Pensez à votre dernier projet de développement de produit et au processus suivi pour parvenir à un résultat final concluant. Rappelez-vous de ce que vous deviez soumettre aux différents intervenants dans ce processus, vous avez probablement dû passer à travers de multiples départements ou plusieurs sources pour obtenir les résultats escomptés, peut-être que ces informations ou documentations ne se sont jamais rendus aux bonnes personnes malgré tout vos efforts et vos bonnes intentions. Alors commençons par faire une liste. Quelles sont les choses que vous deviez fournir pour permettre au processus de développement de produit d’être fluide et de contribuer positivement au développement du produit final?
  5. Chaque sujet principal devrait générer jusqu’à 8 autres idées. Enregistrer les huis premières réponses par sujet en dessinant un autre set de bulles. (image ci-dessous)
  6. Une de ces 8 dernières idées pourraient aussi générer 8 autres idées et ainsi de suite jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’autres idées qui ressortent. Si vous n’avez pas 8 idées par sujet ce n’est pas grave. C’est surtout une façon de motiver le groupe à chercher des idées pour réussir compléter toutes les bulles.

Variations possibles : Diviser le groupe en 2 petites équipes (2 à 5 participants). Chaque équipe complète le tableau des 8 sujets principaux ensuite, pour la suite du processus échanger les sujets de l’équipe 1 avec la 2 et vice versa. Après 15 min de brainstorming, on revient en un groupe commun et on termine le brainstorming en ajoutant des idées au tableau de l’autre équipe au besoin.

L’échange de papier

brainstorm-paperIci on priorise l’anonymat dans les idées si cela s’applique plus au style de personnalité de votre groupe.

Outils nécessaires :

  • Une feuille de papier par participant
  • Un stylo par participant
  • Une minuterie pour contrôler le temps

Fonctionnement :

  1. Tout d’abord s’assurer que tous les participants comprennent bien le but de la session de génération d’idées. Gardez ça court, simple et direct ( KISSS : Keep it short, simple, straight forward)
  2. Le facilitateur revoit les règles de bases d’une séance de génération d’idées citées ci-dessus (un autre texte intéressant à ce sujet https://www.strategiemp.com/comment-faire-de-bons-brainstorming-en-entreprise/ ) et obtient l’accord de tous à les respecter.
  3. Distribuer les crayons et papiers à tous les participants.
  4. echange-papierExpliquer que la session fonctionnera en plusieurs petites rondes rapides.
  5. Démarrer la séance en posant une question d’orientation pour mettre les participants sur la bonne piste de réflexion. Vous pouvez de temps à autre durant l’exercice répéter cette question pour rafraichir la mémoire des participants. Attention de ne pas la répéter trop souvent ce qui pourrait devenir agressant.
  6. Pendant les 30 à 60 secondes suivantes, les participants inscrivent une ou plusieurs idées sur le papier. Lorsque le temps est écoulé, les participants tournent les papiers face cachée et échange avec la personne désignée leur papier. Pour ce faire on donne 10 secondes maximum, question de ne pas perdre le «momentum».
    1. L’échange peut se faire au hasard si nombre paire, sinon la personne à votre droite ou on met les feuilles au centre et on en prend une autre. Un code de couleur sur la feuille pourrait aider à ne pas reprendre la même.
  7. Et ainsi de suite jusqu’à ce que le temps de la séance soit écoulé ou que l’énergie des participants diminue.

Variations possibles : Jouer avec le temps alloué pour écrire les réponses en précisant au départ que le temps pourrait des fois être plus court et des fois plus long. Ça force des idées courtes et spontanées avec des idées plus complètes et complexes.

Technique d’associations aléatoires

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Pour résoudre des problèmes, créer de nouvelles inventions, améliorer vos produits ou services existants, mettre en perspective vos relations avec les autres… Bref découvrir de nouvelles façons de penser sur divers sujets qui vous sont d’intérêt. Une technique un peu moins facile car elle nous pousse dans nos retranchements mais s’avère très intéressante.

Outils nécessaires :

  • Un dictionnaire imprimé (important ici pas un dictionnaire virtuel)
  • Crayon
  • Papier ou ordinateur pour prendre des notes
  • 1 minuterie pour contrôler le temps

Fonctionnement :

  1. Formuler un problème, énoncé un problème spécifique sur lequel vous désirez générer de nouvelles idées. Soyez précis et concis pour cerner l’essence de ce que vous cherchez.
  2. Recherchez et regroupez des stimuli arbitraires en cherchant des mots au hasard dans le dictionnaire. Cumuler 5 à 6 mots différents venant de différentes pages. Ne choisissez pas le mot, ouvrez au hasard le dictionnaire et prenez le mot le plus près de votre doigt et laisser le mot vous choisir J
  3. associations-aleatoiresPour chaque mot trouvé, créer une association qui connecte le mot à votre sujet, problème ou énoncé précisé au point 1. Plus vous faites d’associations plus les chances de générer de nouvelles idées sont élevées. Gardez en tête qu’au moment de faire cette association, le lien vous paraitra probablement bizarre, impertinent ou même illogique à première vue, mais ne les jugez pas ou n’essayez pas de les justifier. Permettez-vous des idées complètement folles en autant que vous créez un lien avec votre sujet. S’exposer à ces stimuli provenant du contact avec les mots choisis au hasard déclenchera des associations en lien avec des expériences cachées dans votre subconscient. Au final, faire travailler son esprit améliore dans le temps l’augmentation de la force mentale et des capacité de réflexion.
  4. Augmenter les liens associatifs entre vos mots. Regarder chaque mot individuellement et en combinaison. Écrivez ce que cela déclenche chez vous. Utilisez les trois lois suivantes pour vous aider à faire toutes les associations possibles en toute liberté :
    1. Continuité c’est quand les associations se font par leur proximité dans l’utilisation ou la signification : une chaise pourrait vous faire penser à une table, une main vous faire penser au gant, un iceberg à de l’eau…
    2. Similarité, ce sont des images, associations qui sont similaires mais avec différentes approches ou significations. Une fontaine d’eau à un palmier, une voiture à un autobus à un avion… un œil peut vous faire penser à l’œil d’une caméra…
    3. Contraste, ce sont des associations qui représentent les contraires. Si vous pensez à l’eau, la mer le contraire serait le sec/désert, le blanc son contraire le noir, du bois son contraire toute matière synthétique plastique, caoutchouc…
  5. Toujours faire plus de connections. Rendu à cette étape, on essaie de créer des connections et associations avec le problème en question. L’objectif, appliquer des significations spontanées à votre sujet pour vous permettre de voir autrement le sujet dans un autre contexte que celui généralement regardé.
  6. Au final, donner le temps à votre cerveau d’intégrer cette technique. Dû à notre éducation la plupart d’entre nous pensons avec notre logique soit le côté gauche du cerveau. Cette technique est résolument une activité du cerveau droit, donc les émotions et l’intuition. Pour éviter des frustration, si l’exercice est difficile au départ limitez-vous à un 10-15 minutes de cette technique et répétez là dans des circonstances relaxantes pour y prendre gout et qu’elle deviennent plus naturelle. Ca viendra!
Quelques clés pour plus de succès :
  • Limitez-vous à 15-20 minutes par séance pour éviter de démotiver les gens, de les fatiguer ou de les stresser. Si vous voulez faire plusieurs techniques sur divers sujets, assurez-vous de donner des moments d’arrêt entre chacune pour que les participants soient au maximum de leur énergie et motivation.
  • Donner la chance à tous de parler, même les plus introvertis qui prennent moins souvent la parole. Dans ce cas, il est pertinent de contrôler les plus bavards ou participatifs sans pour autant couper leur motivation et leur élan participatif. En tant que facilitateur, vous pouvez choisir des techniques qui donnent un maximum de réponses par personnes ou qui permettent à tous de donner une idée avant de laisser libre court à tous sans limitation.

Les meilleures idées partent souvent d’une expérience personnelle, de nos problèmes que nous tentons de résoudre suivi par l’effort de discuter, de débattre et de développer le commentaire qui a créé l’étincelle de départ. Alors à vos crayons, ordinateurs ou tableaux papier et amusez-vous!

Sources :

  • Quick brainstorming activities for busy managers, Brian Cole miller.
  • Game brainstorming, Dave Gray, Sunni Brown et James Macanufo
  • Fastcompany.com

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Magali Pelletier est entrepreneur, stratège et formatrice. Elle Cumule plus de 15 ans d’expérience professionnelle en entreprises manufacturières et de services comme spécialiste en gestion stratégique et marketing du développement de produits. Consultante depuis 2013, elle offre des services de consultation, des formations sur les grands thèmes actuels en gestion et développement de l’innovation et effectue des études d’opportunités pour explorer de nouvelles idées ou marchés. www.strategiemp.com