Tout change constamment, on le sait. On entend parler depuis quelques années de la nécessité pour l’entreprise d’évoluer et d’adopter une approche agile si elle souhaite s’inscrire dans la pérennité. Il importe donc d’être en mode renouvèlement de manière continue et d’être en mesure de prendre des risques mesurés.

À la lumière de tous ces impératifs, où nous faut-il mettre nos énergies et nos ressources pour l’année qui s’amorce? C’est une question pertinente qui intéresse et sur laquelle plusieurs professionnels ont pu se pencher. Cap sur les tendances 2019.

En guise de rapide portrait, voici ce que j’en ai retenu et ce qui, je crois, prendra davantage d’ampleur prochainement.

Une réalité perpétuellement changeante

Le nombre des défis, toujours plus stimulants, les opportunités de croissance qui s’offrent à nous et la vitesse à laquelle se déroulent les activités sont autant de facette d’une réalité avec lesquelles la majorité des entreprises doit aujourd’hui évoluer, et ce peu importe leur sphère d’activités. Un monde de possibilités qui implique de savoir faire les bons choix et d’investir les  ressources intelligemment pour assurer un fleurissement à court terme, certes, mais surtout une évolution à long terme ne se limitant pas au profit.

Quelle que soit la mission de votre entreprise, voici un coup d’œil à travers différentes lorgnettes pour explorer la réalité dans lesquelles nous devrons tous évoluer. Cela devra inévitablement être au centre de nos objectifs.

Des impératifs et tendances nombreux pour demeurer dans le coup

L’implication sociale, la compétitivité durable, un environnement de travail stimulant et riche en sens (pour l’attractivité et la rétention des talents) sont autant de composantes qu’il faudra savoir manoeuvrer. Qui plus est, le virage décisif vers l’intelligence artificielle qui transforme la vision des relations humaines, du travail et des rôles de chacun en société ainsi que la montée du protectionnisme et la place grandissante de nouveaux pays comme nouvelles puissances mondiales vient altérer nos fonctionnements et stratégies.

Que nous réserve 2019 pour l’entreprise ?

Selon le spécialiste Stéphane Mailhiot, vice-président stratégie chez Havas, lorsque l’on fait référence aux tendances, cela n’a pas tant trait au fait qu’une majorité de consommateurs suivent ce courant, mais bien plutôt à certaines propensions extrêmes. L’augmentation des quelques points de % de croissance que recherchent les entreprises provient principalement de ces groupes niches qui consomment de façon différente et qui représentent une croissance potentielle.

Tendances et courant de surface en marketing

En matière de communication-marketing, bien des choses sont déjà en mouvement. Il est temps de monter dans le train et de songer aux meilleures pratiques pour permettre de générer des changements sociaux positifs : un prérequis pour perdurer.

  1. L’engagement social et politique des entreprises façonnent les campagnes.

    Nous sommes à l’ère où l’entreprise, par le biais de ses marques, pose des gestes forts, ambitieux qui mettent de l’avant des valeurs porteuses auxquelles les gens s’associeront davantage. Les entreprises intègrent tout de même déjà bien l’aspect social, mais l’on versera de plus en plus vers le politique. Il peut être risqué de prendre position en endossant des valeurs claires, mais cela demeure gagnant si l’on cible bien le message à mettre de l’avant et si l’on est en mesure d’incarner, par des actions continues et cohérentes, ces mêmes valeurs. Cela sera rentabilisé dans un contexte de plus en plus polarisé. Il est entendu que le consommateur recherchera des entreprises posant des gestes sociaux et politiques pour se différencier puisqu’il deviendra de plus en plus difficile de se différencier uniquement grâce à un produit.

Des entreprises qui se démarquent…

Un éventail d’entreprises qui ont su surfer sur cette voie en 2018 et démontrent  bien cette prise de position.

  • La publicité de Nike avec le visage du joueur de la NFL Colin Kaepernick ayant posé le genou sur le sol à l’hymne national pour ensuite être éjecté de la ligue.
  • Patagonia ayant reversé 10 millions de dollars au gouvernement, soit l’équivalent des économies faites après le retrait de la taxe visant à lutter contre les changements climatiques par le gouvernement Trump.
  • La marque Penningtons réaffirme son engagement pour l’estime personnelle, avec le mouvement #sanscompromis,visant à combattre les préjugés à l’égard de l’image corporelle des femmes taille plus.
  • Adidas mise sur un moyen de distribution exclusif et underground. En vue du lancement de sa chaussure Glitch, on opte pour une approche de communication sous-terraine. La marque n’hésite plus à aller au-delà de la simple exploration pour obtenir des consommateurs hors du spectre publicitaire et médiatique classique. La marque a travaillé avec les influenceurs ayant joint le projet pour développer une application permettant au consommateur de personnaliser et acheter sa chaussure. Ensuite, seul les influenceurs ayant participé au projet dès le démarrage ont pu acheter le produit et en parler à leurs «followers». Et voici l’effet boule de neige escompté. On s’adresse à une population plus nichée.

Pour les marques, et lorsque les institutions manquent à l’appel, l’engagement n’est plus un choix mais un devoir.

  1. Une rédéfinition des codes de marque est en cours

a) Un courant de fond anticonsumérisme résulte en une réduction de la présence de la marque

Les marques « sans marque » pour soutenir la distinction. On opte pour une recherche de déconsommation ou encore des consommations plus responsables. On achète moins et mieux et de meilleure qualité. Dans cette optique, on cherche à éviter des gestes ostentatoires en privilégiant des logos beaucoup moins visibles sur les produits voire carrément sans marque.

b) L’humanité augmentée et les avancées technologiques qui transforment nos approches 

À commencer notamment par les assistants virtuels et vocaux (ex. : Alexa, Siri, Google home) qui bouleversent cette ère. On voit la marque se déplacer d’une approche graphique et visuelle des interfaces vers une marque à l’aspect auditif fort, le «branding sonore» comme choix distinctif au niveau rédactionnel prend son envol. Quelle est la voix de la marque? On cherche à diminuer l’impact visuel et augmenter l’impact des mots. Comment nommer la marque de la bonne manière pour être référencé correctement dans les algorithmes Google. Il faut que ce soit facile pour le consommateur de verbaliser ce qu’il désire et d’être rapidement reconnu par la technologie.

c) Un marketing moins cliché et de moins en moins genré

On voit des produits cosmétiques apparaitre pour les hommes. Les grandes marques en développent toutes : L’Oréal Men expert, NUXE, CW Beggs & Sons, Nivea, etc.  On voit aussi dans certains pays poindre des lignes de maquillage pour homme.

Mattel a récemment dévoilé sa poupée portant un hijab en hommage à la championne d’escrime Ibtihaj Muhammad, originaire d’Arabie Saoudite.

d) La sécurité commerciale, soit l’évaluation et le contrôle de l’écosystème dans lequel se retrouveront les marques

La publicité concernant vos marques devra être située dans un environnement qui soit sécuritaire et qui n’endommagera pas l’image d’un produit. On cherche à développer un contenu sécurisé assurant que l’on ne pourra pas porter atteinte ou entorse à la réputation d’un produit ou de son entreprise.

Par exemple, une marque associée à des personnes ou à des situations supportant le mouvement #metoo qui se retrouveraient malencontreusement aux côtés d’un lien de Juste pour rire ou d’une émissions animée par Éric Salvail serait assez mal perçue. Un autre exemple, la publicité du hijab Nike pour femmes qui se retrouveraient dans les médias sociaux à proximité d’une publicité pour un groupe d’incitation à la haine ou incitant au racisme sur Facebook serait dévastateur pour la réputation de l’entreprise.

  1. Garder des blancs et des espaces vides en communication pour permettre aux consommateurs de vivre une expérience plus large que le produit à lui seul

On délaisse la surcharge pour épouser d’avantage le concept qui s’ancre dans l’approche du «wellness», du « slow food », du bien-être, de la méditation, bref d’un retour aux vraies valeurs.  On observe dans cette approche les marques privilégiant une approche un peu minimaliste qui pourrait même être cataloguée d’ennuyeuse, une approche qui se distingue en mettant de l’avant la vraie vie qui peut parfois être tout simplement ordinaire. On les nomme les « zentreprises». Voici deux exemples différents qui s’intègrent dans cette optique.

Campagne touristique pour promouvoir le Nebraska.

Ikea –Where life happens

Virtuellement rien d’intéressant, à la limite de l’ennui où l’on propose de passer à autre chose, d’aller à du contenu plus intéressant. À savoir si cette approche s’applique pour tous, fort probablement que non. Mais l’idée d’épurer et de revenir à ce qui est plus « normal » est de mise.

Et maintenant quoi?

Pourquoi ne pas commencer l’année de belle façon en faisant un bilan productif de votre situation vis-à-vis ces grandes tendances ? Vous en ressortirez grandis… et gagnants!

Pour ma part, je vous souhaite pour 2019, d’avoir la vision et l’énergie pour faire avancer votre entreprise et amener les ajustements et les renouvèlements qui vous permettrons de rester compétitifs. Et surtout je vous souhaite de mettre en place  un environnement de travail propice au dépassement, à la créativité et au développement d’une culture durable et saine de votre entreprise!

Magali Pelletier est entrepreneur, stratège et formatrice. Elle Cumule plus de 15 ans d’expérience professionnelle en entreprises manufacturières et de services comme spécialiste en gestion marketing et stratégie de développement de produits. Consultante depuis 2013, elle offre des services de consultation, des formations sur les grands thèmes actuels en gestion et développement de l’innovation et effectue des études d’opportunités pour explorer de nouvelles idées ou marchés. www.strategiemp.com